Les Créations Messagères
ActualitéFemme Actuelle (Par Tinka Kemptner)

Femme Actuelle (Par Tinka Kemptner)

Un bout de plastique peut-il éclipser un diamant ?

Certainement ! A condition qu’il soit passé entre les mains d’un créateur comme William Amor. Le jeune Lorrain peut rester une centaine d’heures courbé au-dessus de sa table à ciseler, sculpter, plisser, patiner, gaufrer ou polir des brins sauvés de la poubelle. A la clé : des fleurs diaphanes, dignes des plus grands joailliers.

« J’adore ennoblir des matières que nous définissons à tort comme déchets »

s’enflamme l’artiste, dont la maison parisienne, Créations messagères, multiplie les collaborations avec des marques prestigieuses telles que Kenzo, Guerlain ou Icicle.


Un savoir-faire inédit d’autodidacte

« Il y a quinze ans, la légèreté et la transparence d’un sac en plastique abandonné dans la rue m’ont fait penser au pétale d’une fleur. »

Et s’il donnait une seconde vie à ce rebut ? A force d’expérimenter avec des sacs et autres matériaux de récupération, William peaufine un savoir-faire inédit. Autodidacte, il ne s’impose aucune limite. Pour explorer les possibilités de ses éléments, il leur applique des traitements de choc – javel, eau bouillante, vinaigre, chalumeau, tout y passe ! En 2015, William est prêt et Créations messagères peut éclore. Ses œuvres sortent enfin de l’ombre. Réagissant à la plus infime variation de lumière et tremblant à la moindre brise, on les dirait vivantes.

« Mon envie ? Susciter l’émotion, interpeller et combattre des idées reçues. On peut viser l’excellence avec des choses collectées dans la poubelle ! »

assure-t-il. Les fers à gaufrer des paruriers floraux et les polissoirs des diamantaires trouvent une nouvelle fonction.

« Mais mes outils principaux, ce sont ma main et ma sensibilité. »

La trouvaille technique dont il est le plus fier ?


« J’ai mis des années à mettre au point le plissé des pétales. Il faut au bas mot une demi-heure par pétale. Les gestes ne sont pas les mêmes qu’il s’agisse d’œillets, de roses ou de nervures… »

Le coût ? Environ 150 € par fleur. Le prix du savoir-faire.

William Amor, trouve l’origine de sa démarche artistique dans une volonté de mettre l’art au service de la poésie, du vivant et de l’écologie. Avec ses œuvres singulières, sensibles et porteuses de sens, l’artiste propose un autre regard sur tout ce qui nous entoure et ce dont nous avons oublié ou dénigré la présence, l’existence et l’origine.